«LA
NEGOCIATION DANS LA JUNGLE MONDIALE DU TOUT COMMERCE :
Les faibles face aux forts »
Communication présentée le 20 Novembre 2004 au colloque national
de
Philosophie organisé à Yaoundé par ce Club Kwame Nkrumah
:19-20/11/04
SYNTHESE
Il s’est agi d’examiner les chances des pays du sud, réputés
faibles, de faire échec ou, à tout le moins, d’atténuer
les injustices que leur font subir les pays riches de l’hémisphère
Nord. Un examen de la question qui a conduit à mettre en relief
les leurres et les illusions que cache un cadre de la coopération
Nord-sud tel que celui du partenariat, et en particulier le cadre du
Nepad voulu par les Africains. Après avoir affirmé que
la logique de tout partenariat voudrait que les partenaires, nécessairement
plusieurs, se rencontrent en raison d’une convergence de leurs
projets ainsi qu’en raison de l’acceptation par tous des
mêmes règles du jeu, j’ajoute que la confiance mutuelle,
l’ouverture et la transparence sont d’autres conditions à remplir
pour qu’il y ait partenariat authentique. Le Nepad en particulier
ne remplit pas toutes ces conditions. Bien au contraire, il semble continuer
de s’inscrire dans le cadre de la logique ancienne de l’Assistance
et de l’aide. En effet, les Africains s’illustrent ici encore
par une attitude de main unilatéralement tendue et multipliant
les demandes: demande d’augmentation de l’aide publique au
développement (A.P.D) ; demande des apports plus importants de
capitaux privés occidentaux, demande d’accès aux
marchés financiers ; demande d’allègement de la dette.
En contrepartie, les engagements annoncés dans le sens de garantir
la bonne gouvernance et la sécurisation des investissements ne
peuvent inspirer que doute et que scepticisme aux interlocuteurs.
C’est la négociation, dans le cadre de la logique contractuelle,
qui semble pouvoir offrir aux pays pauvres une meilleure opportunité de
faire entendre leurs voix en faisant jouer par ailleurs le facteur démocratique à travers
leur plus grand nombre au sein des organisations telle l’Organisation
mondiale du commerce (O.M.C) L’analyse de ce qui s’est passé à Cancun
au Mexique en Septembre 2003 permet d’abonder dans cette direction.
Les petits pays du Sud conduits par le Brésil, la Chine et l’Inde
ont réussi à bloquer les travaux de la conférence
en élevant une vigoureuse protestation contre la violation des
règles de l'OMC par les Etats-Unis et l’Union européenne
qui jouent délibérément un mauvais tour aux pays
du Sud à travers le subventionnement pourtant interdit de leurs
producteurs de coton et ce, au détriment des agriculteurs africains.
Une ferme résistance fut opposée aux pays du Nord. Une
sorte de petite guérilla que les faibles, comme toujours, ont
opposé à une première action de guerre , une première
volonté de passer en force, perpétrées par ces grandes
puissances !
La négociation utile pour les pays pauvres ne peut être
conduite que dans le cadre multilatéral et institutionnel s’appuyant
sur le droit. Les pays riches, propagandistes des idéaux justes
d’Etat de droit et de démocratie ne peuvent être affrontés
avec fermeté que sur leur propre terrain quand ils bafouent et
piétinent les règles et principes qu’ils claironnent à longueur
de discours aux oreilles des pauvres ! En dehors de ce contexte où il
faut que les faibles fassent jouer le droit et la démocratie,
le type d’échanges qui s’inscrivent dans le cadre
de la logique hiérarchique (Assistance et Aide) ou dans celui
du partenariat à la manière de ce que tente le Nepad, ne
sauraient permettre aux pays du sud de progresser significativement./.
Retour |