On lira
dans mon livre " Député de la Nation " quelques
passages éclairants, je l'espère, sur les raisons qui m'ont
poussé à m'engager comme candidat aux élections
législatives de Mars 1992. Je ne pouvais pas m'imaginer simple
administratif et fonctionnaire du parti à un moment aussi capital
et déterminant de notre vie politique. Je ne pouvais pas imaginer
que le président national du Rdpc me plaçait à ce
poste pour autre chose que contribuer à donner du Rdpc une image,
non plus d'un bloc monolithique, mais d'un parti politique moderne, préparé et
apte à la concurrence.
Ma défaite dont les causes se situent ailleurs que là où la
plupart des observateurs ont cru les trouver, avait néanmoins
et indirectement crédibilisé les résultats d'un
scrutin que les partis d'opposition déclaraient faussés
avant même l'échéance. Que le Secrétaire Général
du parti au pouvoir soit battu était une telle surprise ! S'il
n'était pas question d'en tirer un motif de satisfaction personnelle,
il n'empêche que pour le Rdpc et la gestion de ce virage constitué par
le tout premier scrutin de l'ère de la démocratisation,
l'argument était tout trouvé pour non seulement affirmer,
mais illustrer la transparence prônée par le pouvoir en
place.
A titre personnel je dois dire ma satisfaction d'avoir sillonné un
très grand nombre de villages pendant cette campagne électorale
et entretenu un dialogue direct, le premier du genre, avec les populations.Des
gens incrédules, la plupart du temps, de me voir entrer dans cette
bagarre, moi le philosophe, le conseiller du président, le secrétaire
général du Rdpc…L'habitude ayant été de
voir dans le passé des candidats n'occupant pas les fonctions
qui étaient les miennes sur le moment, j'étais apparu à certains
comme quelqu'un qui ne voulait pas laisser à d'autres personnes
la possibilité de remplir la charge de député à l'Assemblée
Nationale! Tout simplement, je n'étais pas sur la même longueur
d'ondes que ces compatriotes-là, et qui ne se retrouvaient pas
seulement parmi mes ruraux du Nkam mais également dans le microcosme
de Yaoundé et Douala. D'autres observateurs parmi les mieux intentionnés
et aussi les mieux avertis m'ont plutôt félicité en
me rappelant à moi-même que c'était le pédagogue
qui agissait en moi et qu'il fallait que les gens se rendent compte que
c'était la direction de l'avenir.
Comment ne pas signaler pour m'en réjouir le grand nombre d'autres
cadres de l'administration voire de membres du gouvernement qui, depuis
1992, se sont lancés dans cette expérience démocratique
avec des fortunes diverses, tant au niveau des municipales qu'à celui
des législatives. Certains autres meurent d'envie de le faire
mais n'osent pas affronter l'électorat. Ils ont trouvé auprès
du Secrétariat du Comité Central une formule qui les arrange
bien. On en a fait des " personnalités ressources d'accompagnement " qui
s'affairent autour de la campagne électorale des autres et se
permettent même parfois de lancer des tournées de remerciements
mettant sous éteignoir les vrais élus. Quelle importance
? L'essentiel est que quelque chose a bougé. L'Histoire saura
dire le rôle joué par chacun./.
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