Le
décret me nommant " Conseiller du Président de la
République " est sorti le samedi 22 Novembre 1986, après
une audience pour laquelle le Président Biya m'avait fait venir
de Douala. Je prends mes nouvelles fonctions aussitôt, tout en
continuant de m'occuper deux jours par semaine de la gestion du Centre
Universitaire de Douala. Mon remplaçant à Douala est nommé à la
fin du second trimestre 1986-1987.
Au cours du mois de Mai 1987, je fais partie de la délégation
qui accompagne le Président à Paris, dans le cadre d'une
visite d'Etat. François Mitterrand est Président de la
République française et Jacques Chirac, Premier Ministre
de la première " cohabitation ".Je reçois la
distinction honorifique française de Commandeur de la Légion
d'Honneur pendant cette visite.
Travailler dans un cabinet présidentiel devrait être très
stimulant et intéressant. On participe à l'élaboration
des décisions et à l'orientation des lignes d'action dans
les domaines dont on est chargé du suivi. Mais on n'est que conseiller,
on n'est pas décideur. Dans l'opinion, bien des gens s'imaginent
que les conseillers sont responsables de tout parce qu'ils prennent au
pied de la lettre le terme " conseiller ". C'est ainsi que
certains vont jusqu'à vous demander pourquoi vous ne dites pas à votre
patron de se coiffer de telle manière plutôt que de telle
autre ! C'est drôle ! Je ne sais pas si on peut dire que ce serait
trop beau ! Non, le conseiller n'est que conseiller et il a son secteur
de compétence en rapport avec l'action gouvernementale.
Un conseiller ne peut pas à proprement parler présenter
un bilan d'action. Cela n'empêche pas que du côté du
Littoral, des compatriotes ne s'expliquent toujours pas comment il se
fait que la route Douala-Yabassi-Nkondkock-Bafang soit demeurée
le projet qu'elle a toujours été. Ce que je puis affirmer
c'est que cette route se construira sans faute. En 1987, le chef de l'Etat
avait donné son accord pour la réalisation du premier tronçon
de cette route. L'accord pour un marché de gré à gré en
faveur d'une entreprise Italienne aussi était donné, l'Etat
italien s'étant proposé d'accorder le prêt d'argent
nécessaire. Mais voici que ce montage financier va devoir être
abandonné, les endettements ayant dû être stoppés
par les institutions de Bretton Woods. Le Cameroun était en train
de se mettre sous ajustement structurel. Le jour même où une impressionnante marche contre l'institution
du multipartisme se déployait dans les rues de Yaoundé,
je me trouvais , avec quelques autres, dans une salle de réunion
de la Présidence de la République, en train de finaliser
notre rapport proposant l'institution du multipartisme dans notre pays.
Ils se reconnaîtront, en lisant ces lignes, ceux dont il est question
ici. Je mentirais cependant si j'allais jusqu'à prétendre
que nous savions déjà qui le président allait suivre,
les marcheurs de la rue ou ses conseillers. Il aura fallu attendre le
congrès de Juin 1990 pour être fixé.
J'ai présidé de nombreuses autres réunions et commissions
de réflexion sur les problèmes que pose notre administration,
sur la reforme à mener dans l'enseignement supérieur, par
exemple. La reforme dite de 1993 n'a rien à voir avec les réunions
que j'avais présidées bien auparavant. La multiplication
des universités toutes à l'image de l'université mère
de Yaoundé n'est pas allée dans la direction des travaux
que j'avais présidés. Le principe de spécialisation
des nouvelles universités, à l'instar de ce qui avait été fait
pour les centres universitaires existants avait été abandonné par
le ministre en charge de ce secteur à ce moment-là.
J'ai dû me faire remplacer un jour de Janvier 1999 au cabinet par
suite de mon élection comme député à l'Assemblée
Nationale en Mai 1997. On trouvera d'autres éléments d'information
sur ce double statut de député et de conseiller à la
présidence de la République dans mon livre "Député de
la nation"./.
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