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EXTRAITS DE « LA PHILOSOPHIE EST-ELLE INUTILE » ?

EXTRAITS DE « DISCOURS SUR LE CAMEROUN»

1-Richesses potentielles » ne sont pas « richesses réelles »

      « Une sérieuse et légitime préoccupation tourmente tout le temps l’esprit des Camerounais : comment faire pour que les nombreuses richesses potentielles dont on se plaît à créditer leur pays, deviennent un jour des richesses réelles et palpables ? Ils savent que l’exploitation d’un certain nombre d’entre elles dépend en grande partie des possibilités endogènes et nationales. Si l’exploitation des minerais du sous-sol exige d’énormes capitaux et l’accès sur les marchés internationaux, les recettes propres du Cameroun, mieux recouvrées, moins détournées et mieux gérées, doivent permettre de mettre en valeur nos autres potentialités que sont les richesses touristiques, artistiques et humaines, sans omettre le bilinguisme officiel de l’État camerounais. En ces divers secteurs il importe de se donner une large et ambitieuse vision globale qui peut s’appeler une politique d’ensemble pouvant être soutenue en permanence par une réelle volonté de sa mise en œuvre progressive. »(P.19)

II- Nécessaire adhésion de tous au « projet-Cameroun »

            « Une nouvelle prise de conscience s’impose à tous les niveaux : la prise de conscience d’un développement à concevoir comme une entreprise commune et un projet global, l’entreprise ou le « projet Cameroun ». Il faut que dans la conscience de chaque Camerounais l’idée du Cameroun, prenne effectivement corps sous la forme d’un projet quasi personnel au sein duquel le village, l’arrondissement, la région, le département doivent prendre place en qualité « d’éléments » d’ « un grand Tout ». Il n’y a pas de véritable développement dans une direction où on perdrait de vue « le Tout », comme cela vient d’être attesté par les nombreux errements de ces derniers temps. Le global c’est le Cameroun. Il importe par conséquent de  faire adhérer chacun au « projet Cameroun » afin de donner un sens et de conférer de la cohérence au développement de notre pays. Le Cameroun peut et doit se confirmer comme un pays phare en notre Afrique. Il en a les moyens. Il peut et devrait s’en donner l’ambition. » (P.20)

III-Singularité et esprit d’indépendance

 « Les Camerounais se sont toujours vanté de ne s’être pas fait octroyer l’indépendance par le général De Gaulle mais de l’avoir arrachée grâce à une lutte de libération organisée par des patriotes. Lorsque, en 1956, la loi-cadre propose au Cameroun Oriental un statut d’autonomie interne, une marque de vin va servir de slogan de campagne contre cette « loi de fer (Defferre) dans un gant de velours », c’est le vin de Bordeaux « Kiravi ». En effet, les premières lettres de ce Kiravi prises isolément avaient fini par donner ceci : K, pour « Kamerun » (comme l’écrivait l’U.P.C) ; I, pour « international » (référence à la tutelle des Nations Unies) ; R, pour « refuse » ; A, pour « autonomie » ; V, pour « veut » ; I, pour « indépendance ». Autrement dit : Kamerun International Refuse Autonomie, Veut Indépendance : K.i.r.a.v.i… » (P.22-23)

IV-  Le Camerounais

« Que retenir du portrait que je viens d’esquisser du Camerounais ? C’est un homme ou une femme en qui l’histoire récente de son pays a inoculé une certaine idée de sa singularité et de son originalité. Il développe un esprit d’indépendance et de volonté d’affirmation de sa personnalité qui a parfois agacé, voire même irrité. Au demeurant, il possède d’assez bonnes raisons souvent, pour justifier son attitude. Il appartient à un peuple dynamique et travailleur. Un peuple qui compte en son sein une importante classe d’hommes d’affaires et de promoteurs économiques nationaux, garants d’un développement durable, (pas dans le sens écologique..). Il a inventé la « tontine », formule d’épargne financière originale dont beaucoup cherchent à s’inspirer aujourd’hui. Sa tendance à se faire envahissant, son égocentrisme ne l’empêchent pas d’être un homme accueillant et ouvert. J’ajoute qu’il est profondément pacifique, mais sait se battre quand il le faut. Il est conscient de ce que son pays regorge de potentialités et n’est pas un endroit où on meurt de faim. Autant chercher à sauvegarder ces grands atouts, quoi qu’il arrive, pense-t-il avec raison. » /( P.32).

V-Le grand nombre d’ethnies, plutôt une chance !

« Les Camerounais sont de plus en plus conscients de ce que le grand nombre d’ethnies qui peuplent leur territoire est une bénédiction au lieu de la malédiction que bon nombre ont cru devoir y déceler dans le passé. Car en effet, il se produit dans la situation camerounaise, comparée à d’autres se trouvant justement à son antipode, quelque chose qui ressemble à de la banalisation du phénomène ethnique par suite de la surabondance de sa manifestation. Je veux dire que les Camerounais ont intégré, parmi les réalités qui constituent leur univers quotidien physique et mental, le fait de la diversité ethnique. J’ai du mal à imaginer qu’il puisse exister aujourd’hui dans notre pays, des gens qui souhaitent, même dans le secret de leur for intérieur, la disparition complète de la scène, des ressortissants de telle ou telle ethnie ! Il me semble que plus les ethnies camerounaises sont nombreuses, plus chacune d’elles se fait réaliste dans sa recherche d’une place au soleil. J’ai déjà eu l’occasion de me réjouir de l’apparition dans l’univers des comédiens professionnels de notre pays de cette catégorie d’humoristes qui dépeignent les traits caractéristiques des uns et des autres, en les caricaturant bien entendu, pour nous faire rire. Et c’est cela qui est heureux, rire gentiment et de bon cœur les uns des autres. C’est une grande contribution à la banalisation par érosion progressive de la susceptibilité des uns et des autres. Il faut saluer l’apparition de tous ces humoristes ainsi que l’avènement de la démocratie grâce auxquels certains blocages sont en train d’être vaincus. En effet, il fut une époque pendant laquelle parler de toutes ces choses était tabou dans notre pays. »( P.38)

VILes sociétés d’État…

            « Les sociétés d’État se présentaient donc, dès le départ, comme des pourvoyeuses de bien- être à travers des recrutements massifs de complaisance et la distribution de gros salaires n’ayant la plupart de temps aucun rapport avec le rendement réel des uns et des autres, parmi les recrutés. D’un autre côté, la nomination des directeurs généraux de ces sociétés s’est souvent faite avec le souci constant de servir plus ou moins équitablement les régions et les ethnies. Dérive de la logique absurde, non écrite et non formulée ouvertement, de « partage du gâteau national » ! Logique dévoyée, dans sa pratique, de la politique d’équilibre régional ! C’est ainsi que les populations se sont mises à attendre qu’après le ‘’limogeage’’ d’un directeur général de société, son remplaçant soit choisi parmi les cadres ressortissants de la même région, de façon telle que celle- ci n’ait pas le sentiment d’avoir perdu « un gisement », expression communément utilisée à l’époque pour désigner tout poste considéré comme « juteux » ! Des expressions encore en usage aujourd’hui ! Le fait pour elles de s’être fait appeler sociétés para- étatiques avait conduit à donner à  penser qu’elles étaient soustraites à l’obligation de respecter les règles édictées par l’État. Et, paradoxalement, le comportement des gestionnaires et des usagers était celui des gens qui se disaient que comme c’était l’État,  cela voulait dire que c’était gratuit, sans contrepartie, sans effort, la  res publica  dévoyée, la chose de tout le monde et de personne ! »( P.62)

VII-Les politiques agricoles

 « Sans avoir à remonter jusqu’aux années soixante-dix, il y a lieu de rappeler que depuis 1990 le Cameroun a connu cinq plans agricoles : en 1990 une nouvelle politique agricole est adoptée sous l’appellation de Nouveau Plan Agricole (NPA). En quoi consistait cette nouvelle politique ? Deux ans après, en 2001, on produit une « stratégie intégrée  de développement rural ». En 2005 l’évaluation de cette stratégie fait ressortir des dysfonctionnements. Et en 2015, après le comice agricole de 2011 à Ebolawa et l’annonce qui y a été faite concernant le passage à  « l’agriculture de deuxième génération », le Plan National d’investissement agricole (PNIA) a vu le jour : c’est  un plan d’électrification et de construction des infrastructures routières de désenclavement du monde rural.
Il serait temps, pour le gouvernement de la République, d’engager une véritable action de rupture, non seulement pour définir une politique agricole ambitieuse, mais encore pour s’attacher à sa mise en œuvre rigoureuse ! Je verrais par exemple introduire en agriculture la formule retenue pour les forêts, à savoir l’aménagement par l’État des unités forestières (les U.F.A.) faisant l’objet d’appels d’offres soumis aux exploitants forestiers. Des lotissements agricoles aménagés de la même manière seraient susceptibles d’intéresser des entrepreneurs agricoles, une catégorie professionnelle de créateurs de richesses dont il faut encourager l’émergence. Ce sont eux qui permettront de faire passer l’exploitation agricole à l’étape de sa modernisation, exigence incontournable de l’ère de la production industrielle et du décollage économique de notre pays. Pour cela, il faudra bien que la reforme foncière également annoncée à Ebolowa se concrétise. » ( P.77-78)

VIII-L’Énergie solaire

« Il serait également temps pour que le Pouvoir d’État songe à explorer les possibilités d’exploitation de l’énergie solaire au profit des localités et des villages plus ou moins enclavés. C’est dans cette direction que l’Agence d’Électrification Rurale devrait orienter les études et les financements qu’elle obtient dans ce domaine, notamment les 33 milliards de Francs Cfa annoncés comme « octroyés » par les trois banques que sont la BID (Banque Islamique de Développement), la BADEA (Banque Arabe pour le Développement Économique de l’Afrique) et l’OFID (Banque de l’OPEP pour le Développement en Afrique) ».(P.84)

IX- L’Emergence

«  L’ambition de faire du Cameroun un pays émergent, bien que justifiée, risquerait de demeurer un vœu pieux si des actions résolues et fermes ne venaient pas l’appuyer. Un coup d’œil sur l’évolution du groupe des pays dénommé  BRICS (Brésil, Russie, Inde et Chine, Afrique du Sud) révèle que l’émergence demande que soient satisfaites certaines conditions parmi lesquelles la moindre n’est pas le fait de maintenir pendant longtemps et de façon constante, un très bon niveau du taux de croissance. Ce qui suppose qu’il n’ait pas à évoluer en dents de scie. S’il était évalué à 5% en 2003 au Cameroun, il est descendu à 3% en 2004, 2,3% en 2005, pour remonter à 3,2% en 2006 et redescendre à 3% en 2007. Il est remonté à 3,9% en 2008 pour redescendre à 2,8% en 2010. (Rapport Zone Franc 2007 de la Banque de France)..Selon un rapport rendu public le 17 septembre 2015 par le ministre de l’Économie, entre 2010 et 2014 le Cameroun aurait enregistré  une croissance moyenne par an de 4,7% ».(P. 93)

X-L’Éducation et l’encadrement des surdoués

« Ma conviction, et je suis loin d’être le seul à la partager, est qu’une société ne peut pas progresser si elle ne se préoccupe pas de détecter en son sein et particulièrement chez les jeunes scolaires et étudiants, ceux qui, par leurs aptitudes au-dessus du lot, méritent d’être placés dans les conditions les plus favorables pour faire profiter de leurs talents et de leurs dons, l’ensemble de la communauté. Une société ne progresse pas si elle n’a pas de locomotives pour la tirer dans le sens du progrès ; locomotives éthiques et scientifiques tout autant que celles financières et politiques. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler de l’élitisme. Être élitiste dans le mauvais sens consisterait à ne se préoccuper que du sort d’une minorité favorisée, soit par la naissance, soit par des dons reçus de la providence. Il s’agit dans les vues présentées ici, de dire qu’il faut à tout prix dans notre société empêcher la continuation de la marche du nivellement par le bas. Il s’agit de dire encore, que toute société qui se respecte prévoit des structures qui permettent aux plus doués et aux plus compétents de ses enfants de s’exprimer et de jouer les rôles qui leur conviennent et permettent à l’ensemble de la communauté de progresser ». (Page 105-106)

XI-L’identité camerounaise

« Par contre le Mont Cameroun, originellement Mont Fako, on peut le dire, c’est le Cameroun. Du haut de ses 4095 mètres, il se dresse à l’entrée du Golfe de Guinée comme pour veiller nuit et jour sur les plaines et plateaux qui s’étendent de part et d’autre de la grande dorsale volcanique constituée par les monts Koupé, Manengouba et Bamboutos. Qu’on entre par voie maritime ou par voie aérienne, et par un temps sans nuages, on ne peut s’empêcher de remarquer, à l’horizon, ce quelque chose de massif et d’imposant qu’un voyageur des premiers temps avait baptisé « le char des dieux », une sorte de signature apposée par mère-Nature sur notre sol et qui a pris, avec les aléas de l’Histoire, le nom de Mont Cameroun ! Étrange destin d’une espèce de crevettes d’apparition saisonnière dans l’estuaire du fleuve Wouri et que seule une imagination de poète visionnaire pouvait projeter sur un massif montagneux transformé en montagne de crevettes ! Les hasards de l’Histoire ont ainsi scellé à jamais l’estuaire d’un fleuve par lequel est entré le monde européen et un massif montagneux devenu l’emblème du pays. »( Page 140)

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