DE LA MEDIOCRITE A L'EXCELLENCE
Essai sur la signification humaine du développement
Par E. NJOH-MOUELLE
Edition CLE, 3è édition 1998 YAOUNDE, 174 pages
Cet essai philosophique, inscrit au programme des classes Terminales
A en 1989, se donne pour objectif d'examiner la notion de développement
en vue d'en dégager le sens. La philosophie ne se contente pas
de la description des phénomènes tels qu'ils apparaissent.
Elle va au-delà des apparences, à la recherche du fondement
rationnel de ces choses avec, comme principale et unique visée
d'en atteindre l'essence. C'est pourquoi, dans son essai, Njoh-Mouelle
passe en revue, pour les soumettre au crible de la raison, un certain
nombre d'idées et de notions qui viennent spontanément à l'esprit
quand on se pose la question de savoir ce qui est visé et recherché à travers
les diverses politiques et stratégies de développement économique,
social et culturel des sociétés. Bien que la réflexion
de l'auteur prenne appui sur les réalités de sa société,
il envisage le problème posé à l'échelle
philosophique, c'est-à-dire universel. Les conclusions qu'il
atteint ne se donnent pas comme étant seulement régionales,
africaines ou camerounaises. Elles veulent concerner l'homme, où qu'il
soit. Une notion telle celle de la pauvreté n'est entendue souvent
et aujourd'hui en particulier, que sous un seul angle : la privation
des moyens élémentaires de subsistance dans un relatif
dénuement. Or, le philosophe ne s'arrête pas à cette
vision incomplète. Il attire l' attention sur l'autre forme
de pauvreté à laquelle on n'a pas l'habitude de prêter
grande attention : la pauvreté mentale et spirituelle. De même
en ce qui concerne la misère, on est invité dans cet
ouvrage à distinguer entre la misère objective et la
misère subjective, une misère morale qui peut co-exister
avec une richesse matérielle. Après avoir consacré les
premiers chapitres à décrire l'état de crise dans
lequel l'homme en pays sous-développé évolue (
et ce à travers les chapitres consacrés à " l'homme
critique " et à la " médiocrité ",
Njoh-Mouelle commence à examiner les notions telles celles de
modernité et de modernisation, de bien-être et de bonheur,
de liberté et de libération, pour tenter de décider
si, rationnellement, la finalité d'un développement qu'on
dit centré sur l'homme et qui doit l'être en effet, pouvait être
l'une ou l'autre des réalités recouvertes par ces idées.
Il apparaît, au terme des analyses philosophiques que le développement
ne saurait être synonyme ni d'accumulation d' " objets-réponses "(richesses
matérielles) aux besoins de l'homme, ni dans un bonheur conçu
comme un état de béatitude dont on ne sortirait plus.
Le développement devrait conduire à favoriser l'émergence
des hommes libérés de l'ignorance et des contraintes
superstitieuses ; des hommes capables de se mettre en situation de
quête permanente, c'est-à-dire de dépassement permanent
de soi à travers une activité de création multiforme.
Le type d'homme que le développement devrait aider à émerger
selon cet essai est un créatif opposé à l'être
passif qui s'enferme dans la consommation tranquille de ce que d'autres
produisent. L'excellence qui est prônée à la fin
de l'essai, sous la forme d'un idéal à rechercher, est
faite de cette tournure d'esprit qui caractérise " l'homme
libre et toujours capable de le demeurer ".
DE LA MEDIOCRITE A L'EXCELLENCE est un essai qui comporte de nombreuses
analyses qui sont des modèles d'analyse et de raisonnement pour
les élèves et étudiants qui s'initient à cette
discipline fort exigeante en matière de rigueur logique et de
clarté dans la pensée. Entre les mains des enseignants
c'est un instrument pédagogique précieux en matière
d'initiation à l'art de penser. Depuis qu'il est inscrit au programme,
l'intérêt pour cette œuvre n'a cessé de grandir
année après année. Sur cette question du développement,
il existe bien plus d'ouvrages économiques que philosophiques.
Il s'agit ici d'une approche philosophique correspondant à la
nécessité d'initier les élèves des classes
terminales à la réflexion sur un thème dont il est
question tous les jours autour d'eux./.
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